1990
Galerie des Archives
Paris (F) (20.01-03.03)
Extrait du texte d’Eric TRoncy
Le projet d’Elisabeth Ballet semble d’abord résider dans la tentative de « voler de l’espace au vide ». Non pas qu’il s’agisse à tout prix de construire ou d’occuper, mais plutôt d’enclore, de cerner. Chaque sculpture s’énonce comme l’intention d’une capture, débarrassée des conventions de réalisation qui viendraient là, perdre le spectateur dans le leurre d’un style, d’un matériau ou d’un argument. On ne trouvera pas ici la marque d’une paternité reconduite d’œuvre en œuvre, pas plus que d’évolution ou de chronologie puisque ce simple dessein de désigner l’espace occupé par la sculpture s’accomplit dans le cadre de contraintes rigoureuses qui condamnent par avance l’idée d’un genre comme l’affirmation de la personnalité. Le postulat d’une production de formes sans qualité indique entre autres le désir affirmé d’éconduire toute lecture du travail qui souscrirait à une logique des formes. Une porte et son chambranle se retrouvent ainsi suspendus au plafond, parallèles au sol, de telle sorte qu’on puisse simplement passer en dessous « Joëlle ». D’ordinaire signal de transition, désignation de la séparation de deux sites, cette porte devient le lieu d’aucun symptôme, simplement dessin dans l’espace, ligne de fuite, et surfaces. En somme, de la géométrie pure.
Emmanuelle expérimente le principe d’un tracé aléatoire et complexe, dont l’élévation du plan au sol dans la hauteur au moyen de barres de bois produit une forme indisponible aux interprétations de toute sorte sur sa nature ou son style. Elle n’expose aucun désir de logique, aucune tentative d’exaltation de la matière, ni de la couleur, aucune volonté de définir un espace propre, un dedans, un dehors. Ni limite ni passage, elle ne renvoie à aucun modèle, aucune tradition. Elle ne raconte rien, pas plus qu’elle ne dénonce ni n’affirme. Ni fragment ni totalité, elle ne fait que renvoyer de l’un à l’autre, comme un miroir, le tracé au sol et le tracé en élévation de cette courbe sinueuse et sans motif, qui laisse s’épuiser dans sa contemplation la question même de l’espace qu’elle dépossède.
Elisabeth Ballet’s sculptural intention seems at first to reside in her attempt to “steal space from the void”, although her aim is not to build or to invest space at all cost but rather to surround or encircle it. Freed from those conventions of realisation, which would interfere with their perception and mislead the spectator into the deceptive illusion of style, material sophistication or debate, each sculpture implicitly states its intention to capture.
The marks of filiations’, consciously reiterated from one piece to the next, are conspicuously absent here, as is any notion of evolution or chronology. This simple intention to designate the space occupied is achieved in the context of rigorous constraints, which condemn the concept of a genre as the affirmation of personality from the outset. The underlying hypothesis of the production of forms without qualities indicates, among other things, the artist’s affirmed desire to dismiss any reading of the work, which would depend on formal logic.
Thus, a door and its frame are suspended from the ceiling parallel to the ground, high enough so that one may walk beneath them. Considered ordinarily as a symbol of passage or transition, the explicit statement of the physical separation of two different sites, the door loses its traditional identity. It is simply a drawing in space – perspective lines and planar surfaces. In short, pure geometry.
Emmanuelle investigates the principle of an aleatory and complex line in which the upwards elevation of the ground plane, (by means of wooden supports), produces a curiously hermetic form which strenuously resists any interpretation of nature or style. Its manifests no desire for logic, no tendency to indulge in the exaltation of materials or colours, nor any will to define a precise space – an “inside’’ or an “outside”. Neither limit nor passage, it depends on no model or tradition, does not describe or relate anything, does not seek to affirm or to decry. Neither a fragment nor a whole, it seems only to encourage the movement of the eye between the line on the ground and the line in space which constitute this sinuous, meandering curve, to the point that the very question of the space which is dispossessed seems to disappear through its own contemplation.
Face-à-main 1989
Collection Sonje Museum of Contemporary Art, Kyongju, Corée.
Liste des pièces
Modèle
Bois vernis naturel satiné
H180/L152/P276cm
Moulage
Bois vernis naturel satiné et laque opaque satinée blanche
H41/L68/P35cm
Dessin
Plexiglas transparent
H25/L33/P13cm
Maquette
Plexiglas blanc
H27/L33/P13cm
Point de vue et perspective
Bois de sycomore
H31/L55,5/P65,5cm
Couleur
Bois vernis naturel satiné et laque opaque satinée jaune
H28/L62/P40cm
Matière
Bois vernis naturel satiné et laque transparente satinée
H59/L28/P56cm