Galerie serge le borgne, Paris
2008
Exposition Lazy Days, galerie serge le borgne, Paris Du 3 avril au 24 mai 2008
Les sculptures Eyeliner, Des idées, Lazy Days et Flicker conçues pour être présentées dans deux lieux successifs : le centre d’art le Grand Café à Saint-Nazaire (l’exposition s’intitulait Sept pièces faciles), et quelques mois plus tard à la galerie serge le borgne à Paris, ou elle s’appela cette fois Lazy Days (titre d’une pièce essentielle qui a déclenché la fabrication de toutes les autres). J’ai ajouté Road Movie au groupe initial.
Toutes mes pièces partent d’un désir d’accélérer ou d’activer un mouvement ou au contraire de le contraindre physiquement et mentalement. Le spectateur se projette dans l’énergie de la sculpture. Eyeliner, un long ruban de caoutchouc évoquant la route se déploie dans l’espace. La prise de vue d’une route dans un paysage suggère immanquablement un horizon, une géographie inconnue et le voyage. A l’origine un désir (faire une route) et un défi (faire la route) ; le travail de la sculpture en dessin et dans un matériaux, se transforme en un objet réel à plusieurs points de vue. Toute les fois que je déroule les cinq bandes de caoutchouc pour l’installer, elle prend un nouvel aspect.Eyeliner est différente d’un lieu à l’autre, il est clairement impossible de la placer de la même façon. Dans mes préconisations je signale l’espace nécessaire minimum à son installation, je note qu’elle ne doit pas être posée contre un mur, on doit pouvoir tourner autour, j’indique aussi qu’il faut la manipuler sans forcer même si le caoutchouc est lourd en la laissant retomber sur elle-même en tentant de lui donner une direction. Eyeliner disposée en perspective dans la salle ouvrait l’exposition, on entre et on part fictivement sur la route.
A l’extrémité, décalée sur le côté, une échelle en bois est posée contre une cloison sur laquelle les mots Lazy Days sont peints en ombre noire. L’échelle est un outil qui présuppose une activité, monter et descendre, atteindre un certain niveau de hauteur, mesurer et travailler, ou avoir un point de vue élevé. Une activité contredite par les mots qui traduisent des jours paresseux. Une enseigne en néon répète la sonorité de lazy days par les-i-dées ; les idées surviennent dans les jours paresseux en disponibilité ou plutôt en voyageant. Un tapis à motifs posé sur le plancher d’une pièce délimite un lieu sur lequel on se sent différent. Eyeliner est un tapis au fort potentiel de voyage, il vole métaphoriquement. La trace brulée des deux mots LAZY DAYS et l’échelle renvoient à la vacuité de nos occupations.
‘Road Movie’ signifie film se déroulant sur la route. Neuf lignes de couleurs différentes ondulent irrégulièrement puis s’étirent en formant un large tourbillon, elles ressortent de l’autre côté à peine modifiées. Cette sculpture exprimait une nécessité de liberté et d’espace. Elle est attractive et inspire des émotions joyeuses. Des lignes, des routes, des niveaux topographiques, on pense à tout cela en même temps. La sculpture est supportée par une multitude de montants en aluminium peints en blancs ; on peut se glisser dessous, et avoir l’impression d’être emporté dans le mouvement.
A l’inverse Flicker tente de circonscrire l’espace qu’elle utilise même si elle ne forme pas un cercle complet, elle ne renvoie à aucun lointain. Son abstraction calculée est faite pour mesurer l’espace qu’elle occupe par tronçons en trois cercles concentriques. Je rapprocherais cette sculpture avec Par les mots (1988) qui contient un quadrilatère et un cercle complet dans sa composition, malgré son opacité (bois peint en noir) comparée à la transparence du plexiglas de Flicker.