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SEPT PIÈCES FACILES

Centre d’art contemporain, le Grand Café
Saint-Nazaire
2007


Au centre d’art du Grand Café, je rencontre une équipe et un lieu. Les qualités concrètes de l’architecture : lumière, sonorité, agencement des salles, me donnent des indications de travail précises, j’ai le désir de faire quelque chose de nouveau, j’essaie d’oublier tout ce que j’ai déjà fait.
Je suis attachée aux univers portuaires, je suis née à Cherbourg. Saint-Nazaire a stimulé mon intérêt pour le travail manuel, industriel et intellectuel, et son pendant : l’oisiveté, la rêverie le songe, comme métaphores du processus de création.
On rentre dans le centre d’art en traversant deux vestibules vitrés. Le hall d’entrée distribue une petite salle sur la droite, et une autre sur la gauche. Les matériaux sont sommaires, c’est vide, blanc et l’effet de contre jour est très fort. De larges fenêtres panoramiques font face à un vaste rond-point. Au centre, un escalier en angle droit débouche sur une grande pièce claire et ensoleillée séparée un peu artificiellement par une fine cloison en deux parties égales au plancher bien verni. L’espace enregistré, je construis une maquette de poche qui peut se replier et que j’emporte partout où je vais. L’usage de cette maquette durant l’été m’a suggéré des sculptures légères, libérées de l’architecture : grâce à la petite taille de la maquette, j’ai une vue plongeante sur le premier étage que j’ai posé sur le rez-de-chaussée, je n’ai pas fabriqué l’escalier qui les relie. Je voulais préserver ce sentiment de facilité et d’apesanteur dans les futures pièces à construire quelque soient les matériaux employés, ce qui m’a amené à les travailler plus que jamais, en détail : les assemblages, la qualité des surfaces, la simplicité d’exécution, leurs places dans les salles, leurs arrangements devaient donner l’impression de simplicité. J’ai imaginé des sculptures réunissant concrètement les salles du haut avec celles du bas, ou bien se prolongeant horizontalement vers l’extérieur sans me préoccuper des contraintes liées à l’architecture. La maquette du Grand Café, les sculptures, les images n’étaient que du papier plié, dessiné, collé, froissé.
Je m’intéresse à la combinaison de l’abstraction et du sujet pris dans le réel. Les tout premiers travaux que j’ai montrés en 1989 reprennent le dessin d’une barrière, Que l’esprit ajoute, ou d’une hotte de cuisine, Des idées. À ce moment-là, je comprenais confusément ce que j’avais produit, mais c’était trop vague, aussi me suis-je inventé une règle du jeu pour construire des modèles de sculptures à partir de ce que je voyais autour de moi. Je me suis intéressée aux formes les plus élémentaires liées à la question de la sculpture : matière, couleur, moulage, dessin etc. Ce qui a produit Face-à-main en 1990, c’était le premier ensemble de travaux ayant une relation entre eux. Aujourd’hui je regarde plus loin, je n’ai plus de règle, et je désire toujours plus de liberté dans le traitement des idées, des formes, des matériaux.

Production : Le Grand Café

Sept pièces faciles 2007
[Seven easy pieces]
Le Grand Café, Contemporary Art Center, Saint-Nazaire

At the Art Center of the Grand Café, I meet up with a team and a place. The architecture’s certain real qualities – light, acoustics, room’s arrangement – give my work a precise direction. I have the desire to make something new, and I try to forget everything I have already done.
I am attached to the world of the harbour, and was myself born in Cherbourg. Saint-Nazaire aroused my interest, for the manual, industrial and intellectual work, and its counterpart : idleness, reverie and dream as being metaphors for the process of creating. One enters the Art Center through two glass halls. The entrance hall opens onto a small room on the right, and another one on the left. The materials are scanty, the room is empty and white, and the backlighting effect is very strong. Two large panoramic windows look onto a town’s crossroads. In the middle, a right-angled staircase leads to a big bright and sunny room, artificially divided by a light partition into two parts with a well-varnished floor. As soon as I have explored the place, I make a pocket model that I can fold up and carry with me anywhere I go.
Using this model during the summer brought to my mind the idea of light sculptures, free from architecture. Thanks to its small size, I have a view overlooking the first floor put on the ground floor – I haven’t built the staircase. I wanted to keep this feeling of ease and weightlessness in the pieces to build in the future, whatever the materials used, which led me to work on them in detail, more than ever : collection, quality of surfaces, simplicity in making, location in the room and arrangements had to convey an impression of simplicity. I imagined sculptures concretely joining the upstairs rooms and the downstairs rooms together, or horizontally extending to the outside, without caring about architectural restraints. The model of the Grand Café – the sculptures, the images – was nothing but crumpled, stuck, designed, folded paper.
I’m interested in the combination between abstraction and subject taken from the reality. The very first works I have shown in 1989 take up the design of a gate (Que l’esprit ajoute), or a kitchen range (Des idées). At that time, I could understand only vaguely what I had made, but it was still too hazy. Therefore I made up a rule of play, consisting of making models of sculptures from what I could see around me. I was interested in the most simple shapes, related to the question of sculpting : material, colour, moulding, design, etc. Which produced Face-à-main in 1990 : it was my first set of works. Today I look further, I don’t have rules anymore, and I still have the desire for more freedom in the treatment of ideas, shapes and materials.
Production : Le Grand Café

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texte par Sophie Legranjacques

Notice

Text by Elisabeth Ballet