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JEANNE 1989

(série JEJ)
Acier inoxydable
114 × 81 × 22 cm


« Jeanne » s’énonce clairement comme exercice de géométrie pure qui voisine finalement avec la figure de l’anamorphose. Renvoyant l’expérience de vision de la frontalité de l’hypothèse d’un espace latéral, elle n’a ni face ni côté, ni profondeur ni épaisseur ou plutôt chacune de ces caractéristiques est aussi les autres. Son seul volume est creux et percé de trous. Sa forme s’achève rapidement dans une addition improbable et sommaire : celle d’un rectangle en métal auquel il manque une partie d’une arête, et celle d’une louche qui remplace en quelque sorte cette partie manquante, et ferme la figure du rectangle. « Jeanne », d’ailleurs, fait figure d’exception dans l’œuvre d’Elisabeth Ballet, car elle est une des rares sculptures qui ne se livre pas intégralement au premier regard. D’ordinaire, la prédominance de la forme est tempérée par son affirmation immédiate ; il n’y aurait à tourner autour d’elle aucun effet de surprise, de découverte : la forme n’a rien à cacher. Le volume n’apporte rien d’autre qu’une occupation de l’espace. Encore une fois, c’est à l’égal de la peinture que ce qui est à regarder se montre immédiatement dans sa totalité.

“Jeanne” is clearly put forward as an exercise in pure geometry – in some ways very close to the principle of anamorphous. Relating the experience of frontal vision to the innate assumption of lateral space, it has neither front nor side, depth nor width, or rather each one of these characteristics is equally and simultaneously all of the others. Its unique volume is hollow and pierced with holes. Its form ends abruptly in an unexpected and summary addition : a metal rectangle with a section of one of its edges missing, replaced by a ladle-like form which closes the rectangle.
“Jeanne” is, moreover, something of an sible at first glance. Ordinarily the predominant importance given to form is tempered by its direct and immediate affirmation. Moving around the works, there are no surprises or discoveries. The forms have nothing to hide and the volumes have no other purpose than to occupy space. Here, once again, one might evoke the experience of painting where what is represented is immediately and entirely visible.
From catalogue Face-à-Main, published by Galerie des Archives in 1990
Text : Eric Troncy
Translation : Jennifer Flay

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