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VOUS ME DIREZ 2014

Installation sonore permanente
Saint-Sauveur-de-Montagut.
Diffusion simultanée : les entretiens, 2’04’’ ; environnement sonore, 2’04’’.


La réalisation consiste en une installation sonore permanente à l’intérieur et à l’extérieur immédiat de l’ancien arrêt de la gare d’Issantouans situé en face de l’usine de moulinage Le Moulinon à Saint-Sauveur-de-Montagut en Ardèche ; c’est un poste d’observation élevé sur la vallée, une chambre d’écoute. L’arrêt de la ligne de chemin de fer faisait dos à l’usine et à la rivière ; il se situe aujourd’hui sur le trajet dit « de la voie douce », à l’ancien emplacement des rails. Interdite à la circulation sur certaines sections, c’est un endroit idéal pour marcher et découvrir la vallée, ses moulinages, exploitations agricoles et autres fabriques. Le son des machines au travail a été enregistré dans différents sites de production en parallèle aux multiples entretiens menés avec les anciens ouvriers durant deux ans.
Le premier enregistrement, diffusé sur le toit en direction des bancs, est basé sur le montage ciselé de fragments d’entretiens avec des ouvriers de l’usine, avec les patrons, la famille Ducros qui possédait plusieurs moulinages, et avec Paul Fournand qui en avait repris la direction en 1983 ; quand elle ferma définitivement ses portes en 1999, il restait vingt-sept ouvriers. Le témoignage des protagonistes, récolté et comparé, a pour but de reconstituer l’ambiance dans les salles, avec les moulins ou les machines à fausse torsion, entre les ouvriers, le jour et la nuit, dans la rue et à la maison. Sont abordés les postes de travail, leur description, les salles, les gestes accomplis, la progression d’un poste à un autre, le salaire, les primes, les grèves, le comité d’entreprise, le dortoir, l’activité de nuit, les vies de famille, les conditions de travail et de vie des ouvriers, le personnage du patron, son attitude, son apparence physique, sa responsabilité, ses ambitions, sa vision du monde, ses rapports avec le personnel.
Le second montage, diffusé en stéréo dans la chambre d’écoute, restitue le vacarme des machines dans Le Moulinon, un ascenseur qui se déclenche, le bruit assourdissant de la turbine au démarrage entrecoupé par un parcours des salles aujourd’hui délaissées, où résonnent les pas du visiteur. Une radio lointaine dans une salle de pliage, des rumeurs et pétarades lors d’une manifestation en Mai 68 que le personnel évoque dans les entretiens. L’œuvre consiste à rendre justice au travail qui s’est accompli dans ces murs, à le décrire, le rendre visible dans notre présent. Nous avons oublié cette activité, jusqu’aux noms des gens. Le son des machines et celui des voix s’entremêlent afin de restituer l’atmosphère sonore qui emplissait l’usine, son organisation humaine et technique ; les machines au travail résonnent à nouveau face à l’usine dans le paysage.

This work is a permanent sound installation inside and around the old train stop at Issantouans, opposite Le Moulinon milling factory in Eyrieux-aux-Serres (Ardèche). It constitutes an observation post high in the valley, and also a listening chamber. The stop has its back to the factory and the river and now stands along la voie douce, the largely pedestrian pathway that has replaced the former railway line, along which walkers can explore the valley with its mills, farms and other factories. Recordings were made of the machines on various production sites and interviews were carried out with the women who worked in the factories over a period of two years.
The first sound piece, played from the roof of the shelter, is a montage of interviews with factory workers, managers, members of the Ducros family (who owned several mills) and Paul Fournand, who took over as director of the factory in 1983. When this finally closed in 1999, there were twenty-seven workers left. The aim of comparing and juxtaposing these voices was to evoke the experience of the mills, to give an idea of the machines, of relations between the women, the different atmospheres by day and by night, but also in the street and at home. The speakers describe their workstations, the different halls, their techniques, the progression from one activity to another, wages, bonuses, strikes, the works council, the dormitory, night-time activity, family life, working conditions, the women’s lives, and the boss – his attitudes and his physical appearance, his responsibilities, his ambitions, his vision of the world, his relations with the personnel.
In the second montage, played in stereo in the listening chamber, we hear the noise of the machines at Le Moulinon, a lift juddering into action, and the deafening noise of a turbine starting up, intercut with the sound of the visitor’s footsteps as they walk through the now empty halls. We hear a distant radio in a skeining room, voices and sounds of backfiring from a demonstration in May 1968 evoked by the workers in their interviews. This piece sets out to do justice to the work accomplished within these walls, to describe and make it visible in our present. We had forgotten this activity and even the name of the people. The noise of the machines mingles with voices to bring back the aural atmosphere of the factory, but also its human and technological organisation ; the machines are once again heard in action, in the valley landscape around the old factory.
Traduction anglaise : Charles Penwarden

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