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BANDE À PART 2000-2002

(série VIE PRIVÉE)
Aluminium, béton cellulaire
80 × 700 × 550 cm


Je n’ai pas conçu l’exposition « Vie privée » au Carré d’art à Nîmes comme une installation de plusieurs œuvres mises bout à bout, mais comme un montage cinématographique : chacune des six salles montre plusieurs séquences et, si chaque salle présente au regard un univers spécifique, un fil conducteur unifie l’exposition par le sol que l’on foule. Manufacturée dans un atelier new-yorkais en tubes d’aluminium épais, la sculpture qui s’intitulait alors Mouth butait contre le mur d’une galerie ; je l’ai plus tard augmentée d’une construction en parpaings gris de faible hauteur qui la désolidarisait de l’architecture, elle a changé de nom. Je ne voulais plus l’assujettir à une cimaise de soutien, il fallait que l’on constate ce qu’est un mur, ce qu’il cache : des vides, d’autres murs. Le titre vient de ce que je l’ai associée à la vidéo Schlüterstrasse (2000). Bande à part comme l’exhibitionniste. Au Carré d’art, les parpaings sont blancs, les dalles en marbre du musée sur lesquelles la pièce est placée ont été retournées et relogées dans la menuiserie métallique originelle, de sorte qu’apparaît leur revers en acier zingué. La tonalité argentée de la barrière en aluminium reflète ce qui l’entoure, elle mêle ses reflets avec ceux du sol. La consistance poudreuse des parpaings les dissout dans la blancheur du mur.
L’enclos fait barrière au franchissement d’une portion de la salle sans l’obstruer. Les rangs de parpaing empilés dessinent un entrelacs, ils engendrent, en se croisant, une nouvelle composition d’espaces internes à la sculpture, indépendante de l’architecture du musée.

I conceived the exhibition Vie privée at the Carré d’Art in Nîmes not as an installation of several works, one after another, but as a film montage : each of the six rooms presents several sequences placed end to end, and while each room appears to the eye as a world of its own, there is a single thread running through the entire exhibition, via the floor that we walk across.
Manufactured in a workshop in New York using thick aluminium tubing, the sculpture titled Mouth came up against the wall of a gallery. I later added a low construction in grey breeze blocks that detached it from the architecture. I changed its name. I didn’t want it to be subordinate to a supporting wall any more : the wall had to be evident, with what it hides, empty spots, other walls. The title comes from the fact that I combined it with the video Schlüterstrasse (2000). Bande à part as exhibitionism. At the Carré d’Art, the breeze blocks were white, the museum’s fine marble floor tiles on which the piece stands were turned over and reset in the original metal frame to show the galvanized steel back. The silvery tone of the aluminium barrier reflects its surroundings, it mingles its reflections with those of the floor. The powdery texture and whiteness of the breeze blocks blend in with the wall. The enclosure acts as a barrier to crossing one part of the room without concealing it. The piled-up rows of breeze blocks form an interlacing ; as they cross each other they create a new composition of internal space within the sculpture, which becomes completely independent of the museum architecture.
Traduction anglaise : Charles Penwarden

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