(série DES IDÉES QUE L’ESPRIT AJOUTE À CELLES QUI SONT PRÉCISÉMENT SIGNIFIÉES PAR LES MOTS)
Aluminium, polycarbonate
160 × 140 × 248 cm
L’ensemble de quatre œuvres montré en 1988 à la Biennale de Venise et intitulé Des idées que l’esprit ajoute à celles qui sont précisément signifiées par les mots représente ma première tentative d’objectiver le lien entre toutes les sculptures. Et l’idée de donner pour titre à chacune d’elles une partie d’une phrase était ma première tentative d’objectiver ce lien. De même, l’une d’elle, À celles qui sont précisément signifiées, a été réalisée afin d’éclairer la compréhension des trois autres.
Deux sculptures préexistaient lorsque je fus invitée à participer à la Biennale de Venise. Des idées est la copie presque conforme d’une hotte de cuisine vue quelque temps auparavant, Que l’esprit ajoute duplique le contour exact d’une barrière qui mettait à distance un fragment de sol en mosaïque aperçu dans un livre. Je sentais qu’il existait un lien mystérieux entre ces deux pièces, sans pouvoir encore réellement le déchiffrer à cette étape d’un travail qui débutait. Je les avais construites pour les transporter littéralement et les expérimenter chez moi et ensemble.
Des idées prend la forme et les dimensions exactes d’une hotte vue dans la cuisine d’un château, avec le fourneau en dessous ; j’ai eu le désir impérieux de m’y glisser, c’est pourquoi je l’ai reconstruite. Fixée au mur juste au-dessus du niveau de la tête du spectateur (la sculpture est accrochée en porte-à-faux, à 1,80 m du sol, sur le mur et au plafond). Cette pièce délimite l’espace protecteur qui se trouve en dessous, la lumière est filtrée agréablement par les vitres en polycarbonate. Nul doute que, sous cette hotte, le public ne soit à même de se faire des idées, notamment sur l’espace alentour qui s’offre à son regard. Mais je peux également, et sans doute plus justement, car sa position sur le mur m’y invite fortement, prendre place sous elle et observer ce que les circonstances auront voulu mettre là. Cette œuvre est la première d’une série d’enclos dont relève Bande à part (2000-2002). Je comprenais plus ou moins confusément la relation qui existait entre les deux pièces : deux espaces bien visibles mais non accessibles, l’un au-dessus de la tête, l’autre au sol.
The set of four works shown at the Venice Biennale in 1988 under the title Des idées que l’esprit ajoute à celles qui sont précisément signifiées par les mots represent my first attempt to objectify the link between all the sculptures. This idea of giving each one a title that was part of a sentence was my first attempt to objectify this link. Likewise, one of the works, À celles qui sont précisément signifiées, was made in order to shed light on the other three. Two of these sculptures already existed when I was invited to take part in the Venice Biennale. Des idées is an almost exact copy of a kitchen hood that I had seen not long before. Que l’esprit ajoute duplicates the exact contours of a barrier to keep visitors from stepping on a mosaic floor, as seen in a book. I felt that there was a mysterious link between these two pieces, although I couldn’t really decipher it, at that stage in my work, which was just beginning. I had built them so that I could literally transport them and experiment with them at home, together.
Des idées has the exact shape and size of a hood seen in the kitchen of a château. The stove was in position below it, and I had the irresistible urge to get underneath it, which is why I rebuilt it. Fixed to the wall just above the level of the viewer’s head (the sculpture sticks out from the wall at a height of one metre eighty from the floor and is also attached to the ceiling. This piece delimits the protective space below ; the light is pleasantly filtered by panes in polycarbonate. Without a doubt, under this hood, ideas will come to visitors, notably as regards the space they can see around them. But I can also – and no doubt more appropriately, because its position on the wall very much encourages me to do this – take up position under it and observe what circumstances decided to put there. This work is the first in the series of enclos (enclosures) to which Bande à part (2000-2002) belongs. I had a rather vague idea of the relation between the two pieces : two spaces that are clearly visible but not accessible, one above our heads, the other on the floor.
Traduction anglaise : Charles Penwarden