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FLASH 2007

(série SEPT PIÈCES FACILES)
Acier inoxydable polimiroir (en dégradé)
H. variable × 220 × 178 cm


Depuis mon exposition « BCHN » au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1997, il m’est devenu nécessaire de créer mon propre parcours pour la sculpture ; l’architecture en est le cadre. D’emblée on se trouve confronté à un objet singulier : curieuse échelle industrielle en Inox à laquelle on ne peut grimper, pièce manquante ou égarée d’un échafaudage voisin, qui s’engouffre dans une trappe, traversant littéralement le lieu. Le plafond n’apparaît plus comme une entrave ; au contraire la sculpture semble pouvoir s’en affranchir et en repousser les limites. Flash est une sorte de raccourci visuel comme on parle d’un raccourci de langage. Elle nous permet grâce au regard d’accéder en un éclair au niveau supérieur du bâtiment. J’ai percé un trou dans le plafond au rez-de-chaussée du centre d’art Le Grand Café de Saint-Nazaire, pour faire passer la sculpture qui relie alors les deux salles verticalement, sans avoir besoin de prendre l’escalier. Notre mémoire immédiate relie une sculpture à une autre, puis une salle à l’autre, puis l’étage du bas à celui du haut. Placée à contre-jour, juste devant les fenêtres du Grand Café, Flash ne se voit pas entièrement puisqu’elle disparaît à travers le plafond, il faut prendre l’escalier pour voir la suite de l’exposition. À partir de cette première proposition, toutes les autres pièces exposées trouveront une correspondance du rez-de-chaussée à l’étage.
La structure en métal d’une très haute échelle industrielle, à trois pans de 6 m de haut en acier inoxydable, est construite sur un châssis doté de quatre roulettes, l’ensemble peut être mis à niveau au moyen de quatre vérins, disposant de manettes. L’échelle s’apparente plutôt à une sorte d’échafaudage de 4 m de haut (il n’y a pas d’échelons), conçu pour le passage d’une échelle coulissante de 6 m munie de deux mains courantes.
Sur la partie supérieure, à l’avant et à l’arrière, sept échelons sont disposés normalement tous les 28 cm. L’ensemble peut atteindre audacieusement 12 m de haut. La sculpture ne tient pas compte de la barrière de l’architecture ; trop grande pour se maintenir sous le plafond de la salle du bas, elle franchit une trémie que j’ai fait percer dans le plancher. Elle troue l’étage tout en tenant le spectateur à distance.
La réalité concrète des matériaux de la sculpture, comme l’acier, le caoutchouc ou autres, me contraint à trouver le rapport juste entre la souplesse de l’idée au moment où tout est encore ouvert et la réalisation quand j’ai décidé de construire. Elle doit rester fine, précise, et légèrement fragile. La présence physique, la sensation d’extrême pesanteur de l’acier doivent se faire oublier, au profit du désir à l’origine de mon idée ; matériaux, conception doivent engendrer des sensations, de la curiosité, de l’attention. Au sommet de la sculpture, tout ce qui signifie que nous sommes bien en présence d’une échelle existe techniquement, elle est complète : barreaux, système pour la replier, l’échelle coulissante est équipée de deux mains courantes pour se maintenir en équilibre lors d’une ascension éventuelle.
- L’acier a subi un polissage en dégradé pour accompagner la métamorphose de l’échafaudage en échelle. Le grain brut, mat et brutal du métal à la base de la sculpture s’affine progressivement en un polimiroir profond, extrêmement brillant en son sommet, qui reflète l’environnement.

Since my exhibition BCHN at the Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris in 1997, I have felt the need to create my own path for sculpture, for which architecture provides the framework. From the start, we are confronted with a singular object, a curious industrial ladder in stainless steel on which we cannot climb, like the missing or lost part from nearby scaffolding, which rises up through an opening, literally crossing the space. The ceiling no longer seems like a limit – on the contrary, the sculpture seems capable of breaking free of it and giving the gaze immediate access to the building’s upper floor. I made a hole in the ceiling of the ground floor at the Grand Café art centre in order to pass through the sculpture, so that it vertically links the two rooms, without needing to take the staircase. Our immediate memory links one sculpture to another, then one room to another, and then the ground floor to the next floor up. Set against the sunlight, just in front of the Grand Café’s windows, Flash cannot be seen in its entirety, since it disappears through the ceiling ; you have to take the staircase to see the rest of the exhibition. Based on this first proposition, all the other pieces in the exhibition show connections, from the ground floor to the upper floor.
The metal structure of a very high industrial ladder, made of three six-metre-high sections in stainless steel, is built on a frame with four castors. The ensemble can be adjusted by four jacks with levers. The ladder seems rather like a sort of four-metre-high piece of scaffolding (with no rungs), designed to accommodate a six-metre-high sliding ladder, fitted with two handrails.
On the upper part, at the front and at the back, seven rungs are positioned in normal fashion every 28 centimetres. The ensemble can extend boldly to a height of 12 metres. The sculpture ignores the architectural barrier : it is too high to fit under the ground floor ceiling, and passes through a shaft I have had pierced in the floor. It breaks through the floor, while keeping the visitor at a distance.
The concrete reality of the sculpture’s materials – the steel, rubber, etc., – obliges me to find the right balance between the flexibility of the idea at that moment when everything is still open, and the actual realisation, once I have decided to make it. It has to stay fine, precise and slightly delicate. Its physical presence and the sensation of the steel’s extreme weightiness need to be forgotten in favour of the desire that led to the idea ; the materials and conception have to generate sensations, curiosity, attention. At the top of the sculpture, everything indicating that we are in the presence of a ladder technically exists : it is complete with rungs, a system to fold it away, and the sliding ladder is fitted with two handrails, offering the assurance of balance if we were to climb it.
The steel was polished in a graduated way, following the metamorphosis of the scaffolding into a ladder. The unpolished, dull and rough grain of the metal at the base of the sculpture becomes gradually more and more refined, turning into an extremely bright, deep polished mirror at the top, reflecting the surroundings.
(Traduction anglaise : Charles Penwarden)

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