(série SEPT PIÈCES FACILES)
Plexiglas
120 × 250 × 250 cm
Dans l’espace visuel et dans la sculpture, il n’y a pas de mesure. La sculpture ne s’appréhende pas vraiment par la géométrie, et quelles sont ses limites réelles ? Où commence l’intérieur et en quoi l’extérieur participe-t-il à ce que je vois, et jusqu’où ? Je peux décrire ce que je vois, mais cela ne suffit pas à donner l’idée de la sculpture, car l’environnement participe aussi à ce que la sculpture renvoie. La sculpture au contour circulaire est tronquée d’un bon tiers, la part absente reflète la configuration de la salle orthogonale du Grand Café de Saint-Nazaire, amputée par deux fenêtres qui forment un angle.
Quatre plaques en Plexiglas incolore sont cintrées pour constituer des cercles concentriques de différents diamètres, ouverts d’un côté. Ils mesurent 1,50 m de haut. Pour les maintenir d’aplomb, une série de contreforts de la même hauteur sont collés soigneusement autour, au milieu, ou à l’extérieur de chaque plaque cintrée, à intervalles rapprochés réguliers. Le plus large de ces cercles fait 2,50 m de diamètre, les contreforts pointent vers l’extérieur. Les suivants sont collés, enfermés entre deux plaques, tandis que ceux du plus petit cercle se dirigent vers un point invisible, au centre de la figure géométrique ainsi formée.
Les trois constructions sont disposées par ordre croissant, à intervalles rapprochés, sur le même axe. D’un côté, la figure tronquée de la sculpture présente à nous sa face largement ouverte au point que l’on peut pénétrer au centre de la sculpture, on a alors l’impression d’être au centre d’un cylindre coupé en deux. De l’autre côté, par jeu optique, on a l’impression que le cercle n’est pas interrompu, il semble parfaitement rond et beaucoup plus large que ses mesures ne le suggèrent. Le tiers absent de la sculpture se reconstitue par réflexion de toutes les parties régulièrement disposées dans sa construction. Un cercle parfait apparaît alors.
J’ai intitulé la sculpture Flicker parce que j’y reconnaissais l’impression de mouvement intermittent qui correspond au scintillement que l’œil perçoit en pivotant autour de son périmètre ; le jeu tournant des contreforts transparents interrompant la surface lisse du Plexiglas rappelle les moments d’obturation entre les vingt-quatre images par seconde qui, dans un film, règlent la perception des images en mouvement.
In the visual space and in the sculpture, there is no sense of measurement. The sculpture cannot really be apprehended with geometry, and what are its real limits ? Where does the inside start and how is the outside part of what I can see, and to what extent ? I can describe what I see, but this isn’t enough to give an idea of the sculpture, because the environment is also part of what the sculpture refers to. The sculpture with a circular outline has been truncated, losing a good third of its form : this missing part echoes the layout of the orthogonal room in the Grand Café (Saint-Nazaire), which is shorn by two windows forming an angle.
Four colourless plates of Plexiglas are curved to form concentric circles of different diameters, open on one side. They are 150 centimetres high. In order to keep them steady, a series of buttresses of the same height have been carefully stuck around, in the middle of, or outside each arched sheet, at regular, close intervals. The widest circle has a diameter of 250 centimetres, and the buttresses point outwards. The next ones are glued, enclosed by two sheets, whereas those of the smallest circle are directed towards an invisible point, in the centre of the geometrical figure thus formed.
The three constructions are arranged in ascending order of size, at close intervals, along the same axis. On one side, the truncated figure of the sculpture presents its open side – sufficiently wide open for it to be possible to go into the centre of the sculpture, where we have the impression of being in the centre of a cylinder cut in two. On the other side, the optical effect gives the impression that the circle is unbroken ; it seems perfectly round and much wider than its actual measurements. The missing third of the sculpture is reconstructed in the reflection of all the parts regularly arranged in its construction. A perfect circle then appears.
I called the sculpture Flicker because I had this impression of an intermittent movement, corresponding to the flickering perceived by the eye when it looks round its perimeter. The rotational effect of the transparent buttresses breaking up the smooth surface of the Plexiglas recalls the moments of shuttering between the 24 images per second that, in a film, regulate the perception of moving images.
Traduction anglaise : Charles Penwarden